Saint Vincent de Paul
Introduction
Né le 24 avril 1581 au Pouy près de Dax dans les Landes (aujourd'hui Saint-Vincent-de-Paul), dans une famille de paysans, Vincent Depaul (ou de Paul) va commencer à 15 ans des études pour devenir prêtre. Il est ordonné les 23 septembre 1600, alors qu'il n'a que 19 ans. Il continue d'étudier à Rome. Au cours d'un voyage maritime, il est capturé et vendu comme esclave. Après des péripéties, il arrive à Paris en 1608, obtient des revenus et devient aumônier de l'ex-reine Marguerite de Valois. Il est nommé curé de Clichy (tout près de Paris, mais alors encore à la "campagne") le 13 octobre 1611... mais il n'y vient qu'en mai 1612. C'est un vicaire qui assurait le travail pastoral, le curé profitant surtout des bénéfices financiers...
Au départ, Vincent de Paul est entré dans les ordres plutôt "pour faire carrière" et réussir dans le monde. En 1613, il devient ainsi précepteur des enfants de la famille de Gondi, une des plus grandes familles de France, et continue à accumuler titres ecclésiastiques et bénéfices. Mais peu à peu, il se laisse toucher par le Seigneur. En particulier, il fréquente Pierre de Bérulle qui commence en 1611 la fondation d'un groupe de prêtres qui cherchent à vivre saintement leur sacerdoce en communauté : ils deviendront les Prêtres de l'Oratoire. Sans en faire partie, il se laisse lentement convertir à leur contact. Signe de cette évolution, il s'offre au Seigneur pour prendre sur lui les tentations contre la foi d'un théologien qu'il connaissait ; il commence aussi à visiter les malades de l'hôpital de la Charité fondé par saint Jean de Dieu ; il s'occupe de sa paroisse.
Sa conversion
En janvier 1617, Vincent se trouve en Picardie, près d'Amiens, à Folleville, sur les terres des Gondi. Un paysan proche de la mort demande à se confesser. En l'écoutant, Vincent de Paul prend conscience de la misère spirituelle des plus pauvres : beaucoup de prêtres ne se fatiguent plus pour les entendre en confession et leur annoncer l'Evangile, mais mènent une vie dissolue. Vincent écrira plus tard : "L'Eglise va, ruinée en beaucoup de lieux par la mauvaise vie des prêtres [...] Il n'est que trop vrai que la dépravation de l'état ecclésiastique est la cause principale de la ruine de l'Eglise de Dieu".
Aussitôt, Vincent prêche aux paroissiens sur la nécessité de la confession générale et va chercher des prêtres pour l'aider à confesser la foule des pauvres qui se presse. C'était le 25 janvier 1617, fête liturgique de la conversion de Saint Paul ! Ainsi commençait la Congrégation de la Mission, société de prêtres qu'il fondera pour annoncer l'Evangile aux plus pauvres : "Le pauvre peuple se damne faute de savoir les choses nécessaires au salut et faute de se confesser" ; "Travailler au salut des pauvres gens des champs, c'est là le capital de notre vocation, et tout le reste n'est qu'accessoire".
Le 20 août de la même année à Chatillon-les-Dombes près de Lyon, il invite les paroissiens au cours de son sermon à visiter une famille pauvre dont tous les membres sont malades. Des femmes se proposent de l'aider : ce fut le début des "Dames de la Charité". En 1633, il fonde avec Louise de Marillac, les "Filles de la charité. On connaît le développement que cette aide spirituelle et concrète des plus pauvres a connu, en particulier dans le quartier de Saint-Lazare à Paris (d'où le nom de "Lazaristes").
La formation de saints prêtres
Mais parallèlement au soutien des nécessiteux, saint Vincent de Paul garde sa préoccupation pour les prêtres infidèles à leur vocation qu'il doit suppléer par ses missions itinérantes dans les campagnes. En échangeant avec des évêques, impuissants à changer le comportement de nombreux prêtres dépravés, il comprend que le renouveau du clergé passerait par la montée d'une nouvelle génération de jeunes prêtres bien formés. Le Concile de Trente, tout récent, demandait l'ouverture de séminaires pour former spirituellement les prêtres. En effet, aussi curieux que cela puisse paraître aujourd'hui, il suffisait pour être prêtre d'avoir fait les études suffisantes de son côté et de trouver un évêque pour être ordonné. Les Oratoriens de Pierre de Bérulle fondent ainsi des séminaires dès 1612 en France. Bourdoise en ouvre un à Paris à la paroisse Saint-Nicolas-du-Chardonnet.
De son côté, Vincent de Paul propose des retraites de 15 jours pour préparer le sous-diaconat, le diaconat, et la prêtrise. Il y avait aussi des exercices pratiques pour célébrer les sacrements. Elles commencent à Beauvais en 1628 et se propagèrent rapidement (à Paris en 1633, et même à Rome). Cette formation préparatoire est complétée à partir de 1633, pour les prêtres qui le voulent, par des rencontres hebdomadaires où sont traités des sujets de pastorale, de théologie, d'Ecriture Sainte, des "cas de conscience". On les appela les Conférences des Mardis. Elles prirent naissance à Paris et se répandirent dans de nombreux diocèses. En particulier, Bossuet en garda un souvenir extraordinaire!
Vincent ouvre aussi un séminaire à Annecy en 1641, puis à Cahors en 1643. Là, il s'agit d'une solide préparation au sacerdoce, étalée sur plusieurs années. Ce précieux travail en faveur du renouvellement du clergé est apprécié, et le conseil du Roi, qui nommait les évêques, le consulte souvent pour profiter de ses conseils. Un clergé soucieux de sainteté, prêtres et évêques, était ainsi établi pour réévangéliser la France, et participer aussi à l'Evangélisation des pays de mission.
Lui-même forma la Congrégation de la Mission, une société de prêtres qu'il a fondée en 1625. Il voulait des hommes d'oraison, missionnaires, pour évangéliser les plus pauvres. Parmi les vertus qu'il leur recommandait, citons : la simplicité, l'humilité, la douceur, la mortification, le zèle.
Vincent de Paul, homme de prière et d'action, si rempli de charité, qui "passait en faisant le bien" (Ac 10, 38), s'est éteint le 27 septembre 1660 à Paris.
Extrait d'une lettre de Saint Vincent de Paul à un supérieur de séminaire
"Combien grand pensez-vous que soit l'emploi du gouvernement des âmes auquel Dieu vous appelle? [...] C'a été l'emploi du Fils de Dieu sur la terre. [...] Ce n'est pas l'oeuvre d'un homme, c'est l'oeuvre d'un Dieu. Grande opus. C'est la continuation des emplois de Jésus Christ, [...] il faut que Jésus-Christ s'en mêle avec nous, ou nous avec lui ; que nous opérions en lui, et lui en nous ; que nous parlions comme lui et en son esprit, ainsi que lui-même était en son Père, et prêchait la doctrine qu'il lui avait enseignée : c'est le langage de l'Ecriture Sainte [...]. Une chose importante, [...] est d'avoir une grande communication avec Notre-Seigneur dans l'oraison ; c'est là le réservoir où vous trouverez les instructions qui vous seront nécessaires pour vous acquitter de l'emploi que vous allez avoir". (A Antoine Durand, supérieur du séminaire d'Agde, 1656)
Voir aussi :
D'autres figures de saints...