Louise-Marguerite Claret de la Touche
Sa jeunesse
Née le 15 mars 1868 à Saint-Germain-en-Laye dans une famille de l'aristocratie, elle vécut à Valence après le décès de son père en 1875 et le remariage de sa mère. Malgré son voeu privé de virginité, elle eut une jeunesse assez dissipée où Dieu n'avait pas beaucoup de place. Pourtant, elle entre au monastère de la Visitation de Romans-sur-Isère à 22 ans. Elle fit profession le 17 octobre 1892, en la fête de Sainte Marguerite-Marie Alacoque, autre visitandine, qui reçut de Jésus le message sur son Sacré Coeur.
"Je te donnerai des âmes de prêtres"
Sa santé fragile ne l'empêche pas d'être une religieuse fervente. Le 2 août 1895, elle fait un "voeu d'abandon" au Seigneur pour se livrer toujours plus avec confiance à sa volonté. En 1896, elle prend comme confesseur le P. Alfred Charrier S.J. qui sera son directeur spirituel. Elle commence à avoir des grâces particulières. Le 5 juin 1902, veille de la fête du Sacré-Coeur, elle reçoit cette parole de Jésus : "Je te donnerai des âmes de prêtres". Le Seigneur lui révéla les trésors d'amour contenus dans le Sacré-Coeur, dont doivent profiter en particulier les prêtres pour les répandre sur les fidèles. Elle commence à écrire un livre pour les prêtres : Le Sacré-Coeur et le Sacerdoce (ou La Coeur de Jésus et le prêtre).
Fondatrice
En 1906, les lois anticléricales de séparation de l'Eglise et de l'Etat décident de l'expulsion de presque tous les religieux et religieuses de France. Son monastère doit donc fuir en Italie. Devenue supérieure de sa communauté en 1907, elle doit trouver un nouveau lieu pour s'établir. Elle fondera le 19 mars 1914 la Visitation du Sacré-Cœur à Vische (Italie), qui a pour but de soutenir les prêtres par la prière. Une Alliance sacerdotale réunit des prêtres qui vivent de cette spiritualité. Mère Louise-Marguerite meurt le 14 mai 1915.
Prière à Jésus, Prêtre éternel
O Jésus, Prêtre éternel, qui, dans ton grand amour pour les hommes tes frères, as institué le Sacerdoce chrétien, daigne combler tes prêtres de ton Amour.
Fais-les vivre toujours plus abondamment de Toi, rends-les par ta grâce, instruments de tes miséricordes, afin que, par la force de ton Esprit, ils continuent ta mission pour le salut du monde.
Divin Rédempteur des hommes, vois combien grande est la multitude de ceux qui sont loin de Toi! Regarde la foule des pauvres, des affamés, des ignorants et des faibles qui sont abandonnés.
Viens à nous par tes prêtres! Par eux, sois présent dans le monde, enseignant, pardonnant, consolant, renouant les liens de l'amour entre le Coeur de Dieu et le coeur de l'homme.
Amen.
Voir aussi la : prière à Marie Mère des Prêtres... et d'autres prières pour les prêtres
Florilège de textes de son Journal intime
Aimer les prêtres
"Notre-Seigneur me donne toujours le mouvement de cacher à tous les regards les faiblesses de ses prêtres. Il ne veut pas que le monde les connaisse… et Jésus ne veut pas qu’on dise ce qu’Il déplore dans ses bien-aimés." (5 juillet 1904)
"Je priais pour les âmes du Purgatoire et j’avais un grand désir de délivrer par mes prières unies aux mérites infinis de Jésus, les âmes qui sont les plus chères à son Cœur, celles qu’Il désire le plus de voir bientôt dans la gloire. Il me semble qu’une voix intérieure me disait : « Prie donc pour les âmes des prêtres ».
Je n’y avais pas encore pensé à ces âmes de prêtres retenues dans le Purgatoire. Je vis qu’il y en avait beaucoup dans ce lieu d’expiation et de purification, et je connus que le plus grand nombre y était pour avoir manqué de dévouement à l’Eglise et d’amour pour les âmes.
C’est moins pour les négligences qu’ils ont dans le service direct de Dieu que pour le défaut de zèle et d’amour pour l’Eglise et les âmes, que ces privilégiés de Jésus demeurent au Purgatoire. Mais le désir que Notre-Seigneur a de les voir sortir de ce lieu est immense." (3 novembre 1904)
"Je voyais que l’Amour Infini devait être donné aux prêtres, d’abord pour les purifier et surtout ceux qui ont le plus de taches ; puis pour les éclairer et fortifier. Et quand l’ Amour Infini aura fait cette action en eux ; qu’ils seront purs, ardents et forts, l’Amour continuera à les remplir et à les imprégner de telle sorte qu’ils puissent en déborder et le répandre de toutes parts sur les âmes. Ce ne sont pas les souillures et fautes qui peuvent empêcher un prêtre de recevoir ce don de l’Amour que Dieu veut faire, qu’Il fait maintenant à son Sacerdoce.
Si le prêtre se repent, s’il veut se livrer à l’amour, il peut, non seulement redevenir ce qu’il était, mais devenir un apôtre de l’ Amour et cela d’autant mieux qu’il aura été lui-même sauvé par l’Amour miséricordieux." (7 août 1908)
"Le Christ est au prêtre... le prêtre est au Christ"
"Le Christ est au prêtre. Il s’est volontairement donné à Lui. Par l’Eucharistie, au Saint Sacrifice, il devient la divine possession du prêtre. Tout Jésus, son esprit, sa doctrine, ses paroles, son âme très sainte, son cœur très aimant, son corps très pur, sa divinité appartiennent au prêtre, qui en peut disposer comme de son bien, de sa propriété particulière. Il le prend dans ses mains, il se désaltère de son sang, il se nourrit de sa chair et non seulement il vit de Jésus, mais il en fait vivre les autres ; non seulement il peut jouir de la possession de Jésus, mais il peut Le donner et en faire jouir d’autres âmes.
Le Christ est au prêtre ! Le prêtre aussi est au Christ, il faut qu’il y ait réciprocité. Et parce que le Christ tout entier s’est donné au prêtre, de même le prêtre tout entier doit-il être à Jésus. Tout entier, son esprit, son cœur, son corps, c’est-à-dire toute son intelligence et ses pensées, toutes ses affections et ses volontés, toutes ses œuvres, tous les moments de sa vie. Le Christ peut donc en disposer avec le même pouvoir que le prêtre dispose de Jésus.
Pour qu’il y ait égalité, il faut que le prêtre, dans la main de Jésus-Christ, soit tel que la blanche hostie dans les mains du prêtre. Et je voyais ce qu’il y a de profond, de divin dans cette union du Christ avec le prêtre et du prêtre avec le Christ ; ce n’est pas comme l’union du Verbe avec l’humanité en Jésus, mais c’est quelque chose pourtant de bien étroit et de bien intime. Le prêtre est aux âmes. Il est leur possession comme il est la possession du Christ. Il est à elles, il ne s’appartient donc plus lui-même ; il ne peut plus vivre pour lui ; il faut qu’il soit tout donné, tout consacré aux âmes…" (17 avril 1904)
Le prêtre dans le mystère du Sacré-Coeur
"Après la communion, j'ai dit à Jésus : "Mon Sauveur, lorsque notre bienheureuse Soeur [Sainte Marguerite-Marie] a montré votre divin Coeur au monde, vos prêtres l'ont vu, cela ne suffit-il pas ? - Jésus a répondu : Je veux leur en faire maintenant une manifestation spéciale". Puis Il m'a montré qu'il a une Œuvre à faire qui est de réchauffer le monde par l'amour, et qu'il voulait se servir de ses prêtres pour cela. Il m'a dit avec une expression si touchante et si tendre que les larmes sont venues à mes yeux : "J'ai besoin d'eux pour faire mon Œuvre !". Pour qu'ils puissent répandre l'Amour, il faut qu'ils en soient pleins, et c'est dans le Coeur de Jésus qu'ils doivent l'aller puiser. "Mon Coeur est le calice de mon sang, m'a-t-Il dit encore ; si quelqu'un a le droit et le devoir d'y boire, n'est-ce pas mon prêtre qui chaque jour porte à ses lèvres le calice de l'autel ; qu'il vienne à mon Coeur et qu'il boive"." (10 juin 1902)
"Et voilà tout le plan de Jésus : le prêtre rempli d’amour communiquera les flammes divines aux âmes placées sous son influence directe (car chaque prêtre a un certain nombre d’âmes sous son influence) ; celles-ci réchaufferont à leur tour les âmes qui seront autour d’elles et ainsi, peu à peu, l’Amour Infini reprendra possession du monde."
"Le prêtre doit entrer, par ce Cœur sacré, dans la connaissance intime de Jésus-Christ. C’est comme une porte, par laquelle il doit passer pour pénétrer dans l’intérieur du Christ, et s’étant tout baigné et tout imprégné de Lui, devenir comme un miroir brillant dans lequel l’Amour infini puisse se réfléchir."
"Jésus disait aussi, si je me souviens bien, qu’il y a dans son Cœur des parties encore inexplorées, qu’Il a gardées pour ses prêtres, et que c’était un domaine qui leur était réservé.
Ce sont des demeures d’amour, où les prêtres seuls entreront, et où ils trouveront tout ce dont ils ont besoin pour être des fidèles représentants de Jésus. Et puis, quand ils y seront entrés, ils en sortiront tout couverts d’une certaine grâce qui agira sur les âmes. Beaucoup sont entrés dans ces divines demeures sans le savoir et ils ont été les vrais continuateurs de la mission de Jésus. Mais quand on en saura le chemin, beaucoup plus y entreront, et ce sera pour le salut de beaucoup d’âmes.
Et ce chemin, c’est le Cœur de Jésus Prêtre, connu et médité ; c’est le prêtre cédant en soi la place à Jésus et n’agissant plus que sous sa divine impulsion. C’est le cœur du prêtre comme fondu dans celui de Jésus par la connaissance et par l’amour. Il me semble que Notre-Seigneur veut s’identifier de telle sorte à ses prêtres qu’ils soient un avec Lui. Ce sera la réalisation de cette parole de Jésus à son Père : « Qu’ils soient un, comme nous sommes un ; qu’ils soient consommés dans l’unité ». C’est le Cœur ineffablement aimant de Jésus pour ses prêtres qui va opérer cela. J’ai senti en ce Cœur Sacré une ouverture déjà faite par laquelle son amour a commencé de descendre sur ses prêtres !" (6 juin 1903)
"[Ces prêtres] s'engageraient entre autre chose à prêcher l'Amour Infini et la Miséricorde, et à être unis entre eux, ne faisant qu'un coeur et qu'une âme pour le bien, ne s'entravant jamais mutuellement dans leurs oeuvres" (13 juin 1902) : C'est une telle fraternité que la Mission ND du Sacerdoce voudrait promouvoir entre prêtres!
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