Obsèques du pape Benoît XVI

Comme beaucoup d’entre vous je suppose, j’ai été très ému par l’annonce du retour à Dieu du pape Benoît XVI le 31 décembre, fête de saint Sylvestre, pape du 4e siècle. Son impact sur l’Eglise des 50 dernières années est immense : comme collaborateur du Cardinal Frings, archevêque de Cologne, au concile Vatican II, comme professeur et théologien mondialement réputé (je vous invite à découvrir par exemple son livre « Foi chrétienne hier et aujourd’hui »), comme Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, comme bras droit de saint Jean-Paul II, et enfin comme Pape. Je ne suis pas sûr qu’il y ait une figure récente qui ait eu directement ou indirectement un tel rayonnement sur l’Eglise pendant un demi-siècle.

Je retiens encore – et peut-être surtout – son humilité. Permettez-moi de vous partager un souvenir personnel. Lors de sa visite à Paris en 2008, on m’avait demandé, en tant que séminariste, de servir avec d’autres la grand’messe aux Invalides qu’il présidait. Jamais je n’ai rencontré un prêtre ou un évêque aussi docile pendant une célébration : il se laissait conduire, paisiblement, supportant aussi avec douceur les inévitables petits « couacs » de l’organisation, vivant l’Eucharistie dans la prière. La seule demande qu’il avait formulée dans la préparation de messe les semaines précédentes était simplement qu’on veille au silence prévu par la liturgie après l’homélie et après la communion… éloquent !

En tant que membres de la Mission Marie Mère des Prêtres, il convient de rappeler aussi « l’année du sacerdoce » en 2009-2010 qu’il avait organisée à l’occasion du 150e anniversaire de la mort du saint Curé d’Ars. C’est à l’issue de celle-ci qu’a germé l’idée folle de lancer ce qui s’appellerait la Mission Notre-Dame du Sacerdoce… bientôt rejointe par la Fraternité Marie Mère des Prêtres…

Pour terminer, je vous partage un extrait de son encyclique « Dieu est amour » (Deus caritas est), qui, me semble-t-il, est autobiographique… :

« 35. Cette juste manière de servir rend humble celui qui agit. […] Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce. Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la Parole du Christ : «Nous sommes des serviteurs quelconques» (Lc 17, 10). En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. Parfois, le surcroît des besoins et les limites de sa propre action pourront l’exposer à la tentation du découragement. Mais c’est alors justement que l’aidera le fait de savoir qu’elle n’est, en définitive, qu’un instrument entre les mains du Seigneur ; elle se libérera ainsi de la prétention de devoir réaliser, personnellement et seule, l’amélioration nécessaire du monde. Humblement, elle fera ce qu’il lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur. C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le pouvons, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur de Jésus-Christ toujours en mouvement: «L’amour du Christ nous pousse» (2 Co 5,14). »

Confions au Seigneur le Saint-Père Benoît XVI, son humble serviteur !