Nouvelle traduction du missel (suite 2)

Je vous propose une nouvelle fois d’explorer quelques changements de la nouvelle traduction de la messe en français !  

Dans la prière eucharistique n°2, le prêtre disait auparavant : « nous te rendons grâces, car tu nous as choisis pour servir en ta présence ». Désormais, il dit : « nous te rendons grâces, car tu nous as estimés dignes de nous tenir devant toi pour te servir. » (astare coram te et tibi ministrare)  

Même si l’on peut se réjouir d’avoir une formulation plus proche de l’original latin, quel peut bien être l’intérêt d’un tel changement? En fait, les deux expressions « nous tenir devant toi » et « te servir » sont deux aspects essentiels du ministère sacerdotal. A tel point que le pape Benoït XVI a fondé sa réflexion sur ce qu’est un prêtre sur ces deux verbes dans son livre Des profondeurs de nos coeurs (pp. 57-67, Fayard, 2020, avec le cardinal Sarah).  

Après avoir souligné qu’il s’agit de citations de la Bible (Dt 10, 8 et Dt 18, 5-8), le pape émérite écrit :  « Dans le Deutéronome, les mots « demeurer devant Dieu et le servir » servent à définir l’essence du sacerdoce. Ils ont été ensuite incorporés dans la prière eucharistique de l’Eglise de Jésus-Christ pour exprimer la continuité et la nouveauté du sacerdoce dans la Nouvelle Alliance. » (p. 58)  

Plus loin, il explique :  « En premier lieu le fait de « se tenir devant le Seigneur« . […] Les prêtres vivent de Dieu et pour Dieu […] Ils ont aussi un ministère de représentation des autres. […] Cela indique l’Eucharistie comme le centre de la vie sacerdotale. […] Être debout était l’expression de la vigilance. […] Le prêtre doit être quelqu’un qui veille. […] Se tenir devant le Seigneur doit toujours signifier aussi une prise en charge des hommes auprès du Seigneur qui, à son tour, nous prend tous en charge auprès du Père. Et cela doit signifier prendre en charge le Christ, sa Parole, sa vérité, son amour. » (pp. 60-62)

« Passons à présent à la seconde phrase […] : « te servir« . […] La parole « servir » comporte plusieurs dimensions. Bien sûr, l’une d’elles est avant tout la célébration digne de la liturgie et des sacrements en général, accomplie avec une participation intérieure. […] Cela signifie également que la prière doit être une réalité prioritaire […]. Servir signifie proximité, mais cela signifie aussi obéissance. […] Nous ne nous annonçons pas nous-mêmes, mais nous annonçons Dieu et sa Parole. […] » (pp. 62-66)

‘ »Se tenir devant Lui et Le servir » : Jésus-Christ […] a conféré à ces paroles une dimension jusqu’alors inimaginable. […] Il a représenté l’ensemble de son sacerdoce dans le geste du lavement des pieds » (pp. 66-67)  

Je ne développe pas plus (on pourra lire pour approfondir l’homélie de Benoît XVI pour la messe chrismale 2008). Puissions-nous entrer toujours plus dans ce mystère insondable de l’Eucharistie et du service sacerdotal!   

Voici un feuillet que nous avons préparé avec toutes les nouvelles réponses à la messe : https://messe.apprendreaprier.net/meditation/ordinaire-messe.pdf